Le Paris nocturne de Rémy Soubanère
Rémy Soubanère aime faire des balades nocturnes à Paris. Il en rapporte des clichés saisissants. Le photographe capte une ambiance figée et un peu inquiétante de la capitale et de sa périphérie.
Il nous explique sa démarche :
« Plus que la ville, mon sujet est plutôt le vide ou l’absence, la ville en est plutôt le prétexte. Je n’ai pas d’attrait particulier pour les foules, je préfère quand elles s’effacent pour laisser place à autre chose. On peut trouver ça inquiétant, ce n’est pas mon cas.
Côté technique, je n’en ai pas spécialement. La prise de vue se fait de façon très instinctive, la plupart du temps à main levée. Je déteste être encombré par le matériel. Je sais que certaines de mes images paraissent très composées, mais ça se fait un peu malgré moi.
Je ne suis pas parisien, je vis ici depuis 5 ans seulement. Paris (et sa banlieue) n’est pas le sujet de mes images, c’est simplement l’endroit où je suis, n’importe quelle ville ayant une échelle plus grande que celle de ses habitants ferait l’affaire. Je ne nourris aucune nostalgie par rapport à un Paris mythique des années 50, 80 ou 90.
Je me suis toujours arrangé pour vivre en décalé et être loin du métro aux heures de pointe ! La nuit m’a toujours attiré et donné envie de sortir dans la rue plutôt que de dormir.
À ces heures, tout change, la lumière, le bruit, le rythme. Le vacarme du monde se tait. Le temps qui s’écoule n’est plus celui du quotidien minuté, mais celui où un mur met des années à se recouvrir de végétation ou de graffiti, où un bâtiment met des décennies a s’écrouler sur lui-même. Peut-être que c’est tout cela que j’essaie de saisir, avant que le jour se lève, car après tout, une photo c’est toujours un bout de réel que l’on essaie de sauver de l’oubli.
Ce travail photographique est encore jeune, quelques mois tout au plus. Ce n’est vraiment qu’un début et il faudra tot ou tard que j’y mette de l’ordre. Je travaille également le son, la video, toutes les formes aux frontières de ces disciplines m’intéressent beaucoup.
J’ai commencé un projet sur les travailleurs de nuit. S’il y a des corps que j’ai envie de photographier en ce moment, ce sont ceux-là. »