Paris vu par la dessinatrice espagnole Teresa Cabanillas

J’ai rencontré Teresa aux puces de l’illustration à Bagnolet. Cette espagnole s’inspire autant d’éléments classiques intemporels que du caractère multiculturel de Paris. Ses dessins m’ont fait penser au travail de Carole Wilmet. Esperons que Teresa puisse publier un livre comme cette dernière. En attendant, vous pouvez la contacter pour vous procurer son calendrier!

Je voulais en savoir plus sur son travail. Elle a répondu à mes questions!

Depuis quand vis-tu à Paris?

C’est ma deuxième à Paris.
La première fois que je suis venue à Paris c’était en 2011 pour un semestre d’échange Erasmus avec l’école de Beaux Arts de Paris. J’avais 21 ans et je connaissais Paris seulement par les livres, les films et les images iconiques et romantiques que l’on reçoit depuis l’étranger. C’était la première fois que je quittais l’Espagne, mes amis et aussi que je partais de chez mes parents pour une période assez longue. Pendant 5 mois j’ai partagé un petit appartement dans le cinquième arrondissement avec deux chinoises qui étudiaient avec moi.
La ville, les promenades, les ruelles, les musées, la liberté que j’ai découverte… tout en général m’a tellement plu que quand je suis rentrée en Espagne j’ai toujours gardé l’idée d’y retourner.
Donc, en 2015, j’ai pu m’installer dans les alentours de Paris comme jeune fille au pair et un an plus tard je me suis rapproché un peu plus du centre (depuis juillet 2016 je vis au Pré saint Gervais)

Qu’est-ce qui t’inspire particulièrement dans les rues de Paris?

Paris est une ville très cosmopolite comme la plupart des grandes villes. Donc on peut trouver une grande variété de personnages, d’attitudes de langues et de visages. Dans un même quartier il y a plusieurs cultures qui cohabitent et j’aime précisément ce choc culturel afin de voir comment les gens s’y adaptent et le quartier évolue.
De plus, j’ai l’impression que la plupart des gens ont un rythme de vie assez effréné. Les parisiens ont leur routine (métro, travail, sport, sorties entre amis…etc.) et les touristes aussi, (visites des monuments, musées, shopping…) donc personne ne se rend compte que je suis là en train de regarder ou de prendre une photo, ce qui est très important pour moi car d’un côté je me sens plus à l’aise et je travaille mieux et d’un autre côté ça me permet de capturer une image naturelle et authentique comme dans un documentaire (quand les personnes se rendent compte que quelqu’un regarde ils changent complètement de visage et comportement). J’aime bien ce regard anthropologique sans intervention.
Bien sur, c’est aussi une ville très belle, ce qui donne toujours un décor formidable pour s’inspirer.

Comment compares-tu les ambiances de Madrid et Paris? Quelles différences sens-tu dans l’air de ces deux villes?

Madrid c’est ma ville d’origine, donc j’ai forcement une connexion très forte avec ses coutumes, les personnes et les ambiances qui caractérisent la ville. En revanche, Paris est la ville que j’ai choisi pour vivre et développer mon travail comme artiste, et c’est une ville qui m’inspire énormément.
Quand je fais un portrait d’une ville et de ses habitants, j’essaie toujours de montrer ce qui pour moi est le plus caractéristique ou plus représentatif. Ça ne sera jamais un monument touristique ou des choses trop évidentes, mais plutôt des petits gestes quotidiens qui montrent les routines des citoyens. Et c’est précisément dans ces petits gestes que je trouve des différences (ou parfois similitudes) entre Paris et Madrid.
Le fait d’avoir voyagé et d’avoir vécu dans ces deux villes me rend plus consciente de ce que je considère important. Par exemple, je crois qu’à présent je perçois mieux ce que j’aime dans Madrid car ce sont des manques que je ressens quand je suis à Paris. Et c’est ne pas seulement un plat de cocido madrileño ou un bar pour sortir le soir, mais plutôt l’attitude de certaines personnes, le bleu
du ciel de Madrid, le son du marché d’El Rastro le dimanche matin ou bien le rémouleur de couteaux qui s’annonce avec sa flute depuis la rue.
L’inverse est aussi vrai : Les cafés parisiens, l’odeur des boulangeries spécialement en hiver, les marchés aux puces ou le coucher du soleil au parc de Buttes Chaumont, font partie de la grande liste de mes petits plaisirs personnels parisiens.
Je pense que Paris est une ville que je suis encore en train de découvrir comme si j’étais une touriste. Quand je me promène dans ses petites ruelles j’ai encore l’excitation du voyage, de la visite d’une ville nouvelle et tout me surprend.
J’ai maintenant un peu cette sensation avec Madrid car cela fait un petit moment que je suis partie et chaque fois que j’y reviens, je me sens un peu étrangère. Mais c’est différent… En tout cas, je ne sais pas si quand je dessine Madrid ou Paris les gens sont capables de percevoir la différence mais je crois (et j’espère) que oui.

Est-ce que ta méthode de travail a changé ces dernières années?

Oui et non. D’un côté, la méthode que je suit avec mes projets personnels est plus ou moins la même. Quand j’ai une idée, je réfléchis, je fais un peu de recherche sur des images, sur le support et les matériaux que je vais utiliser et je commence. Parfois, je commence aussi à partir d’une photographie que j’ai prise et qui m’inspire pour créer une nouvelle image.
J’ai toujours besoin de mes propres photos et d’images (illustrations, tableaux, extraits de films…) pour m’inspirer et m’aider durant le processus de création.
Je fais rarement de croquis. Je commence un dessin directement même si je ne suis pas trop sûre de mon objectif final. Il y a une large part d’improvisation dans mon travail et parfois quelques surprises.
D’une autre coté, chaque fois que j’aborde un nouveau projet, il faut que je m’adapte. C’est pas le même cheminement pour créer une illustration libre que j’ai dans la tête, qu’une animation pour un court-métrage ou une commande pour un particulier. Donc dans certaines cas, ma méthode doit s’adapter à la situation.

Est-ce que tu vends ton calendrier quelque part?

Normalement oui. Il y aura bientôt une boutique online sur mon site web www.teresacabanillas.com qui est encore en construction.
Par contre, le tirage du calendrier de cette année a été très petit. Seulement 20 exemplaires et j’ai tout vendu avant Noël.
Néanmoins, je suis tout le temps en train de produire des nouvelles créations et pour l’année prochaine il y aura certainement un nouveau calendrier.