L’amour existe, Maurice Pialat. 1960. 19min.

Le court métrage de Pialat est un état des lieux pas réjouissant, une sonnette d’alarme pour la banlieue parisienne, plus que jamais d’actualité.

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Ce court métrage de Pialat est un hommage à la banlieue où il a longtemps habité. La narration est poétique et le propos politique. Pialat évoque les grands moulins de Pantin, les cinémas de quartier, les guinguettes des bords de Marne, bref tous les lieux qui ont marqué sa jeunesse. « Les baignades de la Marne eldorado d’hier, vieillies, muettes et rares dorment devant la boue ». 1960 c’est l’année de sortie du film, période d’extension de la banlieue pavillonnaire que Pialat raille gentiment. : « C’est la folie des petitesses. Ma petite maison, mon petit jardin, un bon petit boulot ». Entre la grisaille des quartiers industriels et l’isolement pavillonnaire, le tableau dressé n’est pas réjouissant : « Vie passée à attendre la paye, vie pesée en heures de travail, vie riche en heures supplémentaires ».

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En 1960 les barres et les tours poussent comme des champignons. Et Pialat accuse : « Voici venu les temps des casernes civiles, univers concentrationnaire payable à tempérament. (a crédit) ». On y voit les fenêtres minuscules de la cité des Courtillières, comme des meurtrières contemporaines. Le poète Pialat dénonce un système de planification qui choisit à la place du citoyen « Le bonheur sera décidé dans les bureaux d’études, la ceinture rouge sera peinte en rose ». En fustigeant la classe moyenne émergente de l’époque « toute une classe conditionnée de copropriétaires est prête à la relève. », il alimente un débat qui fait rage encore aujourd’hui. Demandez à Eric Chauvier ce qu’il en pense. Aussi, le film s’attache à montrer l’indécence de la métropole parisienne et notamment le bidonville de Nanterre, que trois kilomètres séparent des champs Elysées. Le narrateur déclame des statistiques, sous la forme d’un réquisitoire : « Fils d’ouvriers à l’université : 3% ; Fils d’ouvriers à l’école de médecine : 0,9%. Théatres en dehors de Paris : 0. Salles de concerts : 0 ». Tout est dit. Un demi siècle plus tard, la banlieue a changé mais l’écart entre centre et périphérie est toujours saisissant. On aimerait que ce prêche ne soit plus d’actualité …

Ce petit film est un document précieux, il invite à réfléchir sur les inégalités entre Paris et sa banlieue. Oui, prenez 20 minutes.

VOIR LE FILM ICI :
http://www.dailymotion.com/video/x3bmbyz