Contre Télérama de Eric Chauvier.

Reprendre les mots pour raconter la grande banlieue : le périurbain se rebiffe.

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Ce minuscule livre est né en réaction au dossier du célèbre hebdomadaire Télérama du 13 Février 2010 qui expliquait « Comment la France est devenue moche ».

L’auteur n’a pas choisi de pondre une diatribe anti-bobos, ce que le titre laissait présager. Il ne mentionne pas explicitement ceux qu’il conteste, à savoir la clique des journalistes parisiano-centrés.

En ouverture, Eric Chauvier explique son entreprise : reprendre les rennes, reprendre les mots, en somme donner sa vision de la grande banlieue où il vit. Une vision trop longtemps confisquée par des journalistes qui vivent au centre –ville.

Ceux qui observent le monde de façon professionnelles se servent de mot clefs pour faire autorité. Nous avions décidé de céder à cette habitude afin de consigner certaines impressions sur notre vie périurbaine. Nous refusions de continuer à vivre ici (…) sans tenter quelque chose. Sans mener ce qu’il convient de nommer « une enquête ».Eric Chauvier

Eric Chauvier décrit sa vie périurbaine comme sur un bloc-notes. Son écriture est très factuelle, faussement neutre. On s’attendait à un livre pour la défense de l’esthétique banlieusarde ou contre la classe intellectuelle parisianiste dominante. Il n’en n’est rien. On a affaire ici à une description des faits anodins de la vie quotidienne. Une enquête qui se veut anthropologique.

Contre Télérama n’est pas le livre le plus facile d’accès mais il est court et ne mène pas à l’essoufflement. Cette anthropologie pavillonnaire ne manque pas d’humour. Elle se divise en textes thématiques tels que FACADES, NEO-RESIDENTS, VOISINE, RURALITE, RETROUVAILLES …

Bref, je ne peux que vous conseiller cet ouvrage des excellentes éditions Allia (les passionnés de musique connaissent bien la maison).

Enfin il faut admettre que l’épigraphe choisie par l’auteur sert merveilleusement la thèse qu’il défend. Je ne résiste pas à vous la faire parvenir :

La vie mécanique stimule
L’environnement artistique paralyse la poésie intérieureKARL KRAUS